Par François G. Cellier journaliste à Montréal-http://realite-animale.com/contact/
À l’instar des êtres humains, les animaux peuvent aussi être victimes du syndrome du stress post-traumatique, mais aussi éprouver des troubles émotionnels. Pour en contrer les effets psychologiques et comportementaux très handicapants, l’EMDR Animal (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une approche qui a fait ses preuves. Bonne nouvelle, cette technique est disponible au Québec depuis peu.
Qu’est-ce que l’EMDR?
L’EMDR a été découverte en 1987 par Francine Shapiro, qui a développé cette approche pour soulager le cerveau limbique chez les humains. « L’idée consiste à procurer un soulagement émotionnel grâce à des mouvements oculaires bilatéraux alternés. On supprime ainsi la peur qui est toujours activée dans l’amygdale, malgré l’absence du danger », raconte Fabienne Lannes-Gillibert, psychothérapeute, praticienne et superviseure EMDR, qui a conçu cette approche à l’Institut Emanasso, en France, qu’elle a cofondé avec sa collègue Annick Bordat.
Reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’American Psychiatric Association, le Département de la défense ainsi que les hôpitaux pour vétérans, aux États-Unis, l’EMDR agit sur la dépression, certains types de phobies (ex. : sociales, alimentaires, d’objets et de transports), les troubles anxieux ainsi que les attaques de panique.
« Comme tous les mammifères ont un cerveau limbique, j’ai créé un protocole pour appliquer l’EMDR aux animaux, en commençant par mon propre chien. Désormais, je peux arroser mes fleurs, près de lui, sans pour autant qu’il prenne la fuite. J’ai ensuite conceptualisé d’autres protocoles en fonction de la complexité d’une situation donnée », poursuit-elle.
Fabienne Lannes-Gillibert rappelle que sa préoccupation première consiste à s’occuper des animaux en SPA, par exemple les chiens, les furets et les chats pour ne nommer que ceux-là. Certains présentent des comportements qui constituent un frein à leur adoption. On peut se demander si l’EMDR Animal procure un soulagement permanent. « Oui, car cette approche représente un véritable processus naturel de cicatrisation. À preuve, des photos du cerveau montrent la trace de la peur, qui disparaît après le traitement », confirme Fabienne Lannes-Gillibert.
Cas de figure
La peur chez les chiens et les chats peut prendre diverses formes, par exemple en voiture, dans un ascenseur, pendant que quelqu’un passe l’aspirateur ou lui met des gouttes dans les oreilles. Quant au cheval, ses phobies peuvent également être multiples : refus de sauter par-dessus des obstacles, réaction vive au moindre bruit ainsi qu’au traitement contre les mouches. Dans tous ces cas, l’approche EMDR Animal a pu solutionner les problèmes précités.
Formation
L’Institut Emanasso a formé des vétérinaires et des éducateurs canins et équins, que ce soit en France, en Belgique ou en Suisse. Au Québec, François Porcherel, intervenant en comportement animal, vient d’être officiellement désigné par l’Institut Emanasso en ce domaine.
Question : est-ce que l’EMDR Animal entre en compétition avec le travail des éducateurs canins?
« Non, car en aucun temps, cette technique ne cible l’éducation des chiens, pas plus qu’elle n’interfère dans les autres champs d’activité issus du domaine animalier », assure Fabienne Lannes-Gillibert. Des éducateurs canins français, belges et suisses sont néanmoins venus apprendre cette technique à l’Institut Emanasso, pour disposer d’un outil dans le traitement de la peur acquise. En fait, il s’agit d’une approche complémentaire. Pour tout dire, « l’EMDR Animal est le maillon manquant », a récemment affirmé un vétérinaire. Il est donc permis de croire qu’au Québec, cette technique est appelée à connaître un avenir très prometteur.
NDLR: L’Institut Emanasso rappelle qu’il est conseillé de consulter un vétérinaire. Les comportements inappropriés d’un animal, qui fait face à une situation stressante, peuvent être causés par des pathologies physiologiques.
Pour en savoir plus à propos de l’EMDR Animal au Québec, communiquez avec François Porcherel au 819 382-2127.
Photo 1: Fabienne Lannes-Gillibert
Photo 2: Schienertown
Tous droits réservés